Soldat allemands inhumés dans le carré militaire du cimetière St. Lazare (Bourges)

Vierzon - Méreau, 15 août 1944

    Dans la nuit du 14 au 15 août 1944, le No.299 Squadron de la Royal Air Force fait décoller trois quadrimoteurs Stirling pour approvisionner en armes et munitions des maquis du Cher et de la Nièvre. Les trois appareils décollent de la base de Keevil entre 22h11 et 22h30 ; deux sont destinés à ravitailler les forces spéciales britanniques parachutées quelques jours plus tôt près d’Ivoy-le-Pré, au sein d’un Maquis à une trentaine de kilomètres au nord de Bourges (Opération Haggard 2) et le troisième se dirige vers le Morvan afin d’approvisionner le Maquis Bernard implanté en forêt, à cheval sur les communes d'Ouroux et Montsauche (Opération Dick 108).

Copie du télégramme original annonçant la disparition en mission du P/O Hough.
 
    Ce dernier est piloté par le Pilot Officer William HOUGH, le seul australien de cet équipage de six hommes qui s’est formé au printemps 1944 sur la base RAF de Tilstock, au No.1665 Heavy Conversion Unit, lors de leur transformation sur quadrimoteur Short Stirling. Les six hommes ont effectué six missions depuis qu’ils ont intégré le Squadron le 7 juin 1944 et ils ont maintenant une certaine habitude de ces missions de nuit.

    Le P/O HOUGH a été informé lors du briefing de descendre à l’altitude de 600 mètres après avoir franchi les lignes américaines – franchissement qui se fera pour lui entre Angers et Tours - puis de larguer son chargement a environ 150 mètres au-dessus du sol. Le trajet jusqu’au Morvan est le suivant : franchissement des côtes anglaises à Bridport avec passage à l’ouest de Guernesey, entrée en France à hauteur d’Erquy puis cap sur Jugon-les-Lacs, Guipry-Messac, la Loire étant franchie au sud de Blois, La Charité et enfin la zone de largage, la Drop Zone. Les zones réputées dangereuses sont soigneusement évitées, mais ça c’est la théorie, car il ne faut pas oublier les changements de cap exécutés avec quelques secondes de retard ou l’influence du vent sur la route, toutes choses qui affectent la trajectoire à suivre et qui vont conduire le Stirling à survoler Vierzon alors que la ville devait être passée quelques kilomètres au nord.

    Ce genre d’incident s’est déjà produit le 4 mars 1944 avec deux Stirling du No.90 Squadron, avec une fin tragique pour l’un d’entre eux. (Voir : https://airwar-18.blogspot.com/2018/07/4-5-mars-1944.html et https://airwar-18.blogspot.com/2019/06/4-5-mars-1944-2.html )

    Il est autour de 1h00 du matin quand le bruit sourd des moteurs de l’avion perce le silence sur la ville. Les artilleurs allemands sont aux aguets – la ville a été l’objet d’un violent bombardement un mois et demi plus tôt – et rapidement les faisceaux des projecteurs montent dans le ciel pour capturer l’intrus. Le Stirling vole à 600m, son altitude de croisière, et il ne faut pas longtemps aux projecteurs pour le coincer dans leurs cônes de lumière. Encore quelques secondes et ce sont les batteries de Flak qui ouvrent le feu, ne laissant que peu de chance à l’infortuné équipage. En effet, l’avion porteur de son chargement est lourd et limité dans ses tentatives d’évitement. Les obus des positions de Flak montent dans le ciel en gerbes de feu, soulignées par les traçantes, et soudain un énorme bruit. Le Stirling vient d’exploser en plein ciel en une boule de feu qui plonge vers le sol, et son équipage – tout au moins ceux encore vivants à bord, condamné à périr avec lui.

     L’équipage de l’un des quadrimoteurs (Stirling, pilote, Flying/Officer Edward G. HULL) destiné au parachutage sur Ivoy-le-Pré aperçoit l’explosion. Dans son rapport d’après mission il précisera même que de ce qu’ils ont vu, il leur semble improbable qu’il y ait des survivants.

    L’avion tombe non loin de la ferme du grand Casson, en limite sud de Vierzon, mais située sur la commune de Méreau ou l’épave va brûler furieusement jusqu’au matin. Aucun survivant… Dans la matinée du 15 août, parmi les cendres refroidies, les autorités allemandes vont récupérer 5 corps ou ce qu’il en reste, complètement calcinés ; trois vont être déposés dans un cercueil individuel (seul le Flight/Sergeant Charles R. Dutton, le navigateur, pourra être formellement identifié) et deux dans un même puis transportés vers le cimetière de Saint-Doulchard. Début septembre, après le départ des allemands, un sixième corps sera récupéré sur les lieux de l'accident et inhumé à Méreau. Ce dernier rejoindra ses frères d’armes à Saint-Doulchard en avril 1947.

    Des membres d’équipage, le plus jeune avais 19 ans, et le plus vieux, 30 ans. Souvenons-nous.

P/O William Hough Royal Australian Air Force - Pilot – 23 ans
F/Sgt Charles Richard Dutton Royal Air Force Volunteer Reserve - Navigator /Bomber – 30 ans
Sgt Frederick Fielder Royal Air Force Volunteer Reserve - Wireless Operator/Gunner – 21 ans
Sgt James Terence Henry Royal Air Force Volunteer Reserve - Gunner – 23 ans
Sgt Anthony Gilbert Shipton Royal Air Force Volunteer Reserve - Flight Engineer – 19 ans
F/Sgt Peter Walker Royal Air Force Volunteer Reserve – Bomb Aimer – 23 ans
 
P/O William Hough
(source: PRG-1055-1_Photograph of William Hough_State-Library-of-South-Australia)