Soldat allemands inhumés dans le carré militaire du cimetière St. Lazare (Bourges)

Avord - Luftwaffe 1940 – 1944 - (Unités navigantes)

La Luftwaffe investit Avord alors que l’armistice vient à peine d’être signé. L’unité qui arrive est la III./K.G. 27 Boelcke ou troisième groupe de l’escadre de bombardement 27 équipée de bombardiers bimoteurs Heinkel He-111 et qui opérait à la fin de la Campagne de France depuis le terrain de Marq-en-Baroeul près de Lille. Le début du transfert vers Avord débute le 25 juin 1940.
 
L'entrée de la "Fliegerhorst Avord."  
 
Ce groupe de bombardement est commandé par le Major Manfred Speck von Sternburg, officier qui décèdera le 22 octobre suivant lors d’un accident d’avion dans les environs de Rennes.
 
Hans Rödder de la 8. Staffel raconte son installation : Nous sommes logés dans de petites maisons à un étage situées en limite de l’aérodrome. Il est manifeste que leurs précédents occupants les ont quittées précipitamment. Elles paraissent même avoir été pillées. Chaque équipage dispose d’une maison uniquement à lui. Le 2 juillet 1940 on nous laisse tranquilles toute la journée afin d’aménager mais en soirée tous les équipages décollent pour effectuer un vol de nuit dans les environs de Bourges.
 
Le Gruppe est réengagé en opération à partir de la mi-juillet 1940 et participe à des missions sur l’Angleterre. Dès le 3 août 1940 et afin de se rapprocher de son objectif, la III./K.G. 27 est transférée vers un nouveau terrain, celui de Saint-Jacques-de-la-Lande près de Rennes.
 
Le groupe d’entraînement Erg.Gruppe/K.G. 27 composé de trois escadrilles est formé à Avord en juillet 1940. Après avoir été réduit à une escadrille en novembre 1940 – la Erg.Staffel/K.G. 27 - il retrouve son statut de groupe courant mars 1941 et prend son appellation définitive de IV./K.G. 27 au mois d’avril suivant.
 
Les équipages qui sont affectés au quatrième groupe reçoivent leur toute dernière formation avant d’être dirigés vers l’un des groupes opérationnel de l’escadre. Ce groupe dispose de deux à trois équipages instructeurs ayant déjà une expérience du front et chacun de ces équipages aguerris s’occupe d’environ neuf équipages novices.
 
En parallèle à sa mission de formation et afin de dissimuler le retrait des unités du front ouest devant prendre part à l’opération Barbarossa en juin 1941, le quatrième groupe mène des attaques contre l’Angleterre en laissant croire à l’ennemi qu’un très grand nombre d’appareils sont engagés. Lors de ces missions, nom de code « Mascarade », destinées à leurrer les systèmes d’écoute anglais, toutes les conversations radio ne sont pas totalement brouillées. La IV./K.G. 27 effectuera des missions de ce type jusqu’en novembre 1941.
 
Voici l’extrait d’un rapport Anglais (de juillet 1941) concernant l’interrogatoire d’un aviateur allemand de la IV./K.G. 27 fait prisonnier après la chute de son appareil :
 
L’effectif actuel est de 10 à 15 équipages et de 6 à 7 appareils par escadrilles. La 11. Staffel est composée de 10 équipages et de 7 appareils. Chaque escadrille intégrait dernièrement deux équipages totalisant des missions de guerre. Les appareils de la IV./K.G. 27 sont des Heinkel He111 H-3 ou P-2. Sur les 7 appareils qui appartiennent à la 11. Staffel, 4 ou 5 sont habituellement disponibles. L’emploi du temps à Avord est presque exclusivement voué à la formation théorique et pratique. Une attention toute particulière est consacrée aux vols de nuit et à cette intention deux zones sont assignées au groupe : la première - pour les moins expérimentés des équipages - est délimitée entre les villes d’Avord, Bourges, Melun et Saint-Dizier. Les vols sont réalisés à des altitudes comprises entre 2.500m et 6.100m et lorsque ceux-ci sont programmés, le service de sécurité des vols de la zone concernée en est directement informé par le commandement de la base.
 
Vers la fin décembre 1941 la IV./K.G. 27 quitte à son tour le Berry pour rejoindre Hanovre, en Allemagne. Elle est aussitôt remplacée par un autre groupe d’entraînement, la IV./K.G. 4, qui prend ses quartiers à Avord durant le mois de janvier suivant.
 
Heinkel He 111 de la K.G. 27 devant les hangars en béton armés Lafaille d'Avord.
 
La IV./K.G. 4 General Wever -quatrième groupe de l’escadre de bombardement 4 - arrive avec ses bimoteurs Heinkel He-111 début janvier 1942 à Avord. C’est l’unité de la Luftwaffe qui restera stationnée sur la base durant la plus longue période. Comme dans le groupe d’entraînement précédent, régulièrement des personnels navigants chevronnés viennent faire partager aux équipages novices leur expérience du combat.
 
C’est le cas de l’Oberfeldwebel (adjudant-chef) Reinhard Aigen - le tout premier mécanicien de bord à avoir été décoré de la croix de fer - qui est affecté quelque temps comme instructeur à la 10. Staffel.
 
Comme à cette époque la plupart des groupes de bombardement opérationnels se trouvent sur le front de l’Est, le quatrième groupe est amené à participer ponctuellement à des attaques contre l’Angleterre comme en témoigne l’extrait ci-dessous :
 
Dans la nuit du 26 au 27 avril 1944 alors qu’il est en route vers son objectif, la ville de Bath dans le sud de l’Angleterre, le bombardier He-111 H-5 Wknr.3590 de la IV./K.G. 4 est endommagé par un chasseur de nuit. L’attaque se produit peu après une heure du matin alors que l’appareil se trouve en limite nord du secteur de Portland défendu par de l’artillerie anti-aérienne. Cette interception est l’œuvre d’un Beaufighter I (X7571) appartenant au No604 Squadron (Basé à Middle Wallop) dont l’équipage est constitué du F/L Edouard Crew et du P/O Basil Duckett. Endommagé, le bimoteur allemand réussi toutefois à s’esquiver puis il est suivi par l’interception au sol toute une partie de son trajet retour. Lorsqu’il disparaît des écrans de contrôle c’est en perdant régulièrement de l’altitude mais l’avion qui se traîne sur un moteur, réussi malgré tout à rejoindre la Fliegerhorst d’Avord où il effectue un atterrissage d’urgence.
 
Outre les missions sur l’Angleterre et son rôle de formation, on peut aussi mentionner qu’en août 1942, durant l’opération Jubilee - le débarquement avorté des troupes Anglo-Canadiennes à Dieppe - quelques bombardiers Heinkel He-111 de la IV./K.G. 4 d’Avord sont engagés lors des combats.
 
A partir de 1943, les bombardements de plus en plus nombreux et les incursions tant diurnes que nocturnes des chasseurs ennemis sur les aérodromes de l’ouest nuisent très fortement à la formation, tout en coûtant de nombreuses pertes en jeunes équipages.
 
C’est à partir de ce constat qu’il est décidé début 1944 de transférer les groupes d’entraînement soit vers le Reich, soit plus à l’Est vers les Protectorats et même la Hongrie. La IV./K.G. 4 quitte donc Avord en janvier 1944 pour sa nouvelle affectation, la ville de Pilsen (aujourd’hui en République Tchèque) dans le Protectorat de Bohême-Moravie.
 
Durant quelque temps la base d’Avord est aussi utilisée comme plate-forme de travail par la Fluzeugführerschule (B) 15 - l’école de pilotage basée à Bourges entre le 15 janvier 1943 et le 15 mai 1944 - notamment pour la formation des équipages sur Heinkel He-177, le bombardier lourd de la Luftwaffe. La formation n’est pas sans risques notamment à cause des incursions ennemies mais également parce que les appareils livrés à l’école sont fatigués et qu’ils doivent être entièrement révisés avant de servir à l’écolage.
 
Voici quelques extraits du journal de guerre de la Fluzeugführerschule (B) 15 concernant la plate-forme d’Avord :
 
01.03.1943 L’aérodrome d’Avord est assigné à l’école comme plate-forme de travail par le commandement de la Luftflotte 3. L'école y transférera une formation B2 (Note : Classe d’appareils d’un poids compris entre 2500 à 5000kgs.) 
03.03.1943 Début de la formation B2 sur la plate-forme de travail d’Avord. 
02.10.1943 L’instruction des équipages sur He-117 a débuté sur la plate-forme de travail d’Avord. 26.10.1943 Le bombardier Heinkel He-177 immatriculé FA+QM, Wknr 0019 s’est écrasé peu après son décollage de la base d’Avord. L’Uffz. Hermann Monninger – pilote, le Gefr. Günter Gallert – observateur, l’Uffz. Rudolf Junkert - radio-navigant et le Fw. Theofil Wodniak – mécanicien-navigant, sont décédés immédiatement. L’Ogfr. Kurt Gabler - mitrailleur principal, est décédé le lendemain au Luftwaffe Lazarett d’Orléans (Note : Hôpital de la Luftwaffe).  
15.12.43 Sur la plate-forme d’Avord, l'instruction des onze premiers équipages d’He-177 est achevée. 27.01.44 Suite à une attaque aérienne de chasseurs Mosquito l’école a perdu (Nota : entre-autres ce jour-là…) un appareil et son équipage. Le He-177 VD+UD Werknummer 5245 avec comme pilote l’Uffz. Arthur Wurmbach, l’instructeur Fw. Karl Ludwig, le radio-navigant Gefr. Josef Maxerath, le mitrailleur Gefr. Heinrich Bachtler, le mécanicien-navigant Uff. Heinrich Wehrmann et le mitrailleur de queue Gefr. Edmund Grzesink a été abattu entre Villabon et Baugy. (Note : les Mosquito appartiennent au No.418 Squadron de la Royal Canadian Air Force.)
 
La Fliegerhorst d’Avord abrite des unités permanentes mais peut également accueillir des formations pour une période temporaire.
 
Le 11 mars 1941 la II./K.G. 55 - deuxième groupe de l’escadre de bombardement 55 - au complet arrive à Avord car la pluie des dernières semaines a rendu leur terrain de Chartres impraticable.
 
Témoignage du Stfw. Karl Brüning (5. Staffel) : De janvier à mars nous n’avons pas effectué beaucoup de sorties à cause de la pluie qui avait rendu les pistes de notre terrain très boueuses. Nous avons décollé pour Avord le 11 mars, un terrain au sud de Chartres dont nous allions pouvoir utiliser les pistes en dur pour décoller avec nos chargements de bombes. Comme seulement quelques sorties étaient envisagées depuis Avord, nous n’avons emporté que les choses principales, mais avec l’équipe au sol, les équipements techniques, les pièces de rechange et nos propres affaires, notre appareil était bien chargé. Notre première mission a débuté dès le lendemain, vers 21h00, avec un objectif en Angleterre, la zone portuaire de Birkenhead-Liverpool. Le Gruppe au complet quitte Avord le 17 mars suivant, mouvement marqué par l’accident d’un Heinkel He111 P-4 qui coûte la vie à deux sous-officiers (Equipage de l’Uffz. Hans Ziegler, 5. Staffel).
 
C’est encore le cas pour la I./K.G. 1 Hindenburg qui, après son retrait du Front Est, arrive à Avord le 5 août 1942 pour une période de repos de quelques semaines. Période de repos toute relative car le 19 août 1942 des bombardiers bimoteurs Junkers Ju-88 du Gruppe participent à des missions menées contre la tentative de débarquement allié de Dieppe (Opération Jubilee). Après cette période d’inactivité le Gruppe est transféré en l’Allemagne, à Münster-Handorf, afin d’y être rééquipé. 
 
Durant toute la guerre la base accueille aussi des équipages novices appartenant à différents Ergänzunsgruppen ou Groupes de remplacement. Le quotidien de ces jeunes équipages en formation est de voler de jour comme de nuit afin de maîtriser la navigation et de se familiariser avec leur appareil. Ces vols sont effectués autant que possible sur ou vers les différents aérodromes de la Luftwaffe en France et ce afin que l’équipage acquière de l’expérience.
 
C’est ce qui explique la perte, dans la soirée du 26 novembre 1943, d’un appareil appartenant à la 11./K.G. 2 basée alors à Melun-Villaroche. Arrivé plus tôt dans la journée c’est lors de son premier décollage en solitaire pour un vol de nuit que les quatre membres d’équipage de l’Uffz. Bruno Heise trouvent la mort. Peu après le décollage et alors qu’il se trouve toujours dans le circuit d’aérodrome, leur bimoteur Junkers Ju-88 A14 s’écrase au sol à trois kilomètres au nord-ouest de la base.
 
Quelquefois ce sont les dégâts subis par une unité ou son aérodrome qui la forcent à venir s’installer provisoirement à Avord. C’est le cas au 15 janvier 1944 lorsque la base est investie par les quadrimoteurs Focke-Wulf Fw-200 Condor de deux Staffeln de la III./K.G.40, une unité qui occupe ordinairement l’aérodrome de Cognac / Châteaubernard (la troisième escadrille du groupe, la 7./KG 40, ayant été dirigée quant à elle vers Saint-Jean-d’Angely). 
 
Comme le précise un communiqué de l’état-major du Seekriegsleitung de la Kriegsmarine : "En raison d’opérations ennemies, la III./KG 40 ne sera pas opérationnelle durant les cinq prochaines semaines. Tous les Fw-200 de reconnaissance maritime et tous les Fw-200 équipés du système Fug203 Kehl sont hors service. Aucun autre Fw-200 ne sera d’ailleurs, opérationnel. Au 20 janvier, seul cinq Junkers Ju-290, deux Blohm & Voss BV 222 et trois Junkers Ju-88 seront probablement opérationnels pour la reconnaissance maritime. Cela signifie que pour une mission et pendant quelques jours, seul quatre appareils pourront être employés chaque jour."
 
Les deux Staffeln du III./KG 40 vont donc occuper provisoirement les installations d’Avord afin de retrouver leur statut opérationnel. Le 5 février 1944, des appareils de ces deux escadrilles auront tout juste le temps de décoller d’Avord avant l’attaque de la base, attaquée par des bombardiers appartenant à la 8th Air Force américaine. L’un de ces quadrimoteurs sera intercepté peu après son décollage et abattu par des chasseurs P-38 Lightning de l’escorte américaine. Voici un extrait du souvenir qu’en garde l’Uffz. Kurt Frosch, co-pilote à bord de cet avion :
 
"Après des fêtes de Noël agitées à Cognac je me retrouve une nouvelle fois à Avord où un nouveau commandant nous est affecté. Il s’agit du Dr. Anton Leder, un ingénieur principal qui nous arrive de l’Erprobungsstelle (Centre d’essai) de Rechlin. C’est un pilote aguerri et le courant passe tout de suite avec lui. 
 
Aux premières heures de la matinée du 5 février tous nos équipages convergent vers le terrain car l’ensemble des appareils disponibles doit décoller pour Bordeaux-Mérignac. Un grand convoi allié sous escorte a été repéré en Méditerranée et une grande opération commune est prévue depuis le terrain Bordelais. Nos deux radios, le mécanicien et le mitrailleur rejoignent immédiatement l’appareil. Leder et moi-même nous sommes toujours en salle de briefing lorsque soudain retentit l’alerte aérienne. Avec tous nos avions parqués à découvert, l’arrivée des bombardiers ennemis oblige notre commandement à faire procéder à un décollage d’urgence. Les premiers quadrimoteurs s’envolent en un laps de temps très court après avoir rejoint la piste par le chemin le plus court et le désordre est indescriptible. 
 
Leder et moi nous sprintons vers notre appareil qui est stationné assez loin, face à la direction des vols. La plupart des avions ont déjà décollé quand nous arrivons enfin à notre Condor. Le mécanicien de bord, notre « Fritze » transpire à grosses goûtes car malgré la sortie des pires jurons Berlinois de son répertoire, le moteur intérieur droit refuse de démarrer. Enfin ça y est, les quatre moteurs ronronnent et nous commençons à rouler. A ce moment-là j’apprends que nous avons à bord une grande quantité de munitions comme fret supplémentaire – ce qui semble apparemment être le cas pour tous les appareils du groupe - et qu’un armurier nous accompagne.
 
Bon…allez, allez ! Nous aussi nous avons envie de quitter cet endroit malsain. L’avion vient de s’élancer lorsque Leder coupe soudain les gaz et ce geste nous sauve la vie car nous allions couper la route à un appareil qui décollait sur la deuxième piste. Nous nous élançons pour la seconde fois sur cette piste de béton qui semble interminable et nous quittons enfin la base. Il est d’ailleurs plus que temps car les premières bombes tombent sur l’aérodrome alors que nous quittons à peine le sol…"
 
Début mars 1944 arrive de Montdidier (Somme) la I./K.G. 66 un Gruppe équipé d’avions bimoteurs Junkers Ju-88 et Ju-188 spécialisé dans le marquage d’objectifs. Ce Groupe d’éclaireurs ou Pfadfinder est engagé dans l’opération Steinbock, la reprise des bombardements sur Londres et le sud de l’Angleterre.
 
Le Gruppe est organisé à cette époque en quatre Staffeln (Le 25 avril 1944 le Groupe sera réorganisé et complété d’une cinquième Staffel.). Chacune d’entre-elle a son propre système de navigation (Verfahren) afin de localiser l’objectif puis de repérer la cible à l’aide de fusées éclairantes ou de repères au sol. (Excepté la quatrième Staffel qui est une escadrille d’entraînement ou Ergänzungs-Staffel.) En combinant ainsi les systèmes de navigation le commandement espère qu’en cas de défaillance de l’un des systèmes ou de la perte de l’un des Pfadfinder , la mission soit menée à son terme.
 
L’opération Steinbock qui a débuté dans la nuit du 21/22 janvier s’achève le 29 mai suivant sur un constat d’échec, en partie à cause d’équipages inexpérimentés et d’effectifs Pathfinder trop faibles. Là où les anglais utilisent plusieurs douzaines d’avions éclaireurs pour chaque mission au-dessus de l’Allemagne, la Luftwaffe n’utilise inévitablement pour chacun des systèmes que deux à quatre appareils. Ces derniers sont donc plus facilement enclins à des « interférences » que s’ils avaient été dix fois plus nombreux. On peut aussi noter que la présence de la I./K.G. 66 à Avord sera à l’origine du bombardement américain du 28 avril 1944.
 
Juste avant l’été 1944, alors que la base n’abrite plus d’unité aérienne permanente, on peut aussi noter l’arrivée d’une Division Parachutiste, la 5. Fallschirmjäger-Division qui va se servir d’Avord comme terrain d’entraînement. La Division est constituée des Fallschirmjäger-Regiment 13, 14 et 15 dont le noyau est composé de vétérans ayant combattus en Italie, notamment dans les batailles du mont Cassin (Monte Cassino). Ces soldats sont issus des troisièmes Bataillons des Fallschirmjäger-Regiment 3 et 4 appartenant à la 1. Fallschirmjäger-Division auxquels viennent s’ajouter des volontaires du personnel au sol de la Luftwaffe. Le commandement de la Division est assuré par le Generalleutnant Gustav Wilke qui installe son poste de commandement à La Charité. Si l’on s’en réfère à l’organisation de la 5. Fallschirmjäger-Division au printemps-été 1944, c’est un effectif de 13.000 à 15.000 hommes qui est répartit dans la région de Bourges. L’installation et la coordination entre les différentes composantes de la Division sont réalisées dans des conditions difficiles notamment par le fait que les véhicules sont attribués en quantités insuffisantes. Malgré toute une série de déficiences la formation et l’entraînement des hommes suivent leurs cours. Courant mai et bien que son installation ne soit pas complètement achevée, la Division est transférée en Bretagne (Le commandement allemand redoute alors une attaque dans cette région) dans le secteur Rennes – Lamballe – Saint-Malo.
 
Quelques jours après le Débarquement des alliés en Normandie et dans le but d’entraver le trafic maritime dans ce secteur, les allemands dépêchent de nuit sur zone des bimoteurs Junkers Ju-88 équipés de torpilles et, pour certains, de fusées éclairantes. Ces appareils appartiennent aux II. Et III. Gruppen de la Kampfgeschwader 26 basée à Valence dans le sud de la France. La base d’Avord leur sert d’étape pour ravitailler soit à l’aller, soit au retour vers leur base. Les appareils "illuminateurs" de la 6. Staffel sont quant à eux équipés de réservoir supplémentaires et effectuent leur mission sans étape. De la consultation des documents ULTRA [le déchiffrage des messages radio ennemis] il ressort que des avions de ces Gruppen ont fait étape à Avord durant les nuits des 12-13 juin, 14-15 juin, 18-19 juin et 22-23 juin.
 
Durant la débâcle de l’été 1944, la base accueille aussi peu de temps les monomoteurs Focke-Wulf Fw-190 du III./Schlachtgeschwader 4 (III./S.G. 4) ou groupe de bombardement tactique 4. Voici un court résumé établi à partir de son de son journal de guerre: Courant juin le Gruppe commandé par le Major Gerhard Weyert est retiré du front de Normandie afin d’être engagé dans des opérations contre la Résistance. Il est provisoirement placé sous les ordres de l’Oberst von dem Bongart, chef d’une unité très spéciale mise en place dans le Centre de la France (Unité basée un temps à Bourges) pour opérer contre les maquis d’Auvergne, du Morvan ou encore du Forez et du Vivarais. A la recherche d’autres terrains pouvant abriter ses appareils (Note : le Gruppe est stationné à Aulnat), le Major Weyert, Kommandeur du Gruppe, essaye encore le 22 juin mais vainement de proposer qu’un officier de l’unité parte voir les possibilités existant à Avord. Cette proposition est une nouvelle fois rejetée car ce terrain ne dispose apparemment pas d’avantage d’abris pour avions. Le 24 juin et bien qu’Avord ne soit toujours pas approprié, le Kommandeur rejoint cette aérodrome pour participer personnellement à l’installation des chasseurs de la 9. Staffel. Tout est en place à l’arrivée des sept Focke-Wulf Fw-190 un peu plus tard dans la soirée. L’escadrille doit toutefois rester sans moyens techniques car leur transport n’a pu se faire faute de carburant pour les véhicules. Le lendemain de son arrivée la 9./S.G. 4 est surprise par un bombardement américain mais aucun des appareils n’est endommagé.
 
Suite à ce raid, la base n’est pas opérationnelle avant le 30 juin, date à laquelle la III./S.G. 4 est informée de son départ vers le Front Est dès le lendemain. Le 1er juillet tous les appareils de la 9./S.G. 4 décollent d’Avord pour l’Allemagne afin d’y être rééquipés puis de rejoindre leur nouveau théâtre d’opérations.
 
Après le départ de cette escadrille et comme le démontrent les rapports Alliés de reconnaissance aérienne, plus aucun avion n’est visible sur la base.
 
Avant de quitter définitivement Avord, les Allemands décident de détruire toutes les installations et infra structures en plaçant des explosifs dans tous les bâtiments, sur les pistes et les voies d’accès.
 
Ces destructions interviennent le 19 août 1944 et laissent l’aérodrome dans un état de désolation terrible - la base d’Avord est détruite à 90%.
 
 
Dès la libération la base est gardiennée par de unités issues de la résistance, notamment en provenance du Sud-Ouest comme le bataillon Geoffroy de la brigade légère du Lot-et-Garonne, avant que la reconstruction d’Avord ne soit décidée.