Soldat allemands inhumés dans le carré militaire du cimetière St. Lazare (Bourges)

Marmagne Pont-Vert 4 juin 1944

Ce jour là, la mission No93 du 354th Fighter Group de la 9th Air Force américaine s’inscrit dans le plan d’attaque des communications rail-route Transportation Plan mené par les Alliés depuis le début de l’année et ce en prévision de l’opération Overlord, le débarquement en Normandie.
 
Depuis le printemps et dans l’attente de l’ouverture du second front, la majeure partie des Fighters Groups de la 9th Air Force occupe des Advanced Landing Ground, des terrains situés sur la côte sud de l’Angleterre et donc plus près de la France occupée.
 
C’est donc depuis le terrain de Lashenden que vers 12h50 vont décoller les vingt P-51 Mustang des 355th et 356th Fighters Squadrons. Les douze chasseurs du 356th FS sont armés de deux bombes de 500Lb (227kg) sous voilure avec fusées d’amorçage d’ogive et de culot et les huit chasseurs du 355th FS armés de deux bombes de 500Lb sous voilure avec fusées d’amorçage de culot.
 
Les objectifs de ce début d’après-midi sont les embranchements ferroviaires de Vierzon-Forges et de Marmagne Pont-Vert. Le Capt. Robert Stephens du 355th FS dirige la mission et les deux Squadrons du 354th FG font route de concert, ne se séparant qu’à l’approche de leurs objectifs respectifs. Les appareils américains entrent en action vers 14h20.
 
 Le Capt. Robert Stephens qui mène la mission du 4 juin.
 
Le 356th FS attaque en piqué l’embranchement de Vierzon-Forges par vagues de quatre avions, suivant un axe Sud-Ouest/Nord-Est. L’objectif très dégagé et les voies de garage nombreuses à cet endroit rendent difficile le repérage de la cible et les tirs soutenus de la batterie de Flak de La Noue perturbent les pilotes américains. Les projectiles tombent sur une longueur d’un kilomètre environ dans le sens de la voie ferrée et les résultats sont mitigés car plusieurs bombes explosent de chaque côté du ballast. 
 
Les installations téléphoniques des chemins de fer sont rompues et les lignes Paris-Toulouse, Tours-Saincaize sont coupées. Le souffle des explosions endommage également une vingtaine d’habitations des alentours sans blesser sérieusement leurs habitants mais les dégâts les plus importants sont relevés à une centaine de mètres de l’embranchement où un four et le gazomètre de la Verrerie des Forges sont entièrement détruits par deux bombes.
 
Quant à lui le 355th FS attaque le triangle ferroviaire à Marmagne par un bombardement en semi-piqué, suivant un axe Sud/Nord. Le bombardement des voies est effectué par vagues de deux appareils et malgré des projectiles tombés dans les prés avoisinants de bons résultats sont observés avec quatre coups directs sur le triangle. Les voies 1 et 2 de raccordement bifurcation Montluçon, bifurcation Marmagne sont coupées sur 10 mètres et la voie 2 Montluçon soufflée sur une dizaine. Les nappes téléphoniques sont très sérieusement endommagées à cet endroit. La voie 2 Vierzon est coupée sur 1 mètre et soufflée sur 7 à 8 mètres et deux bombes non-explosées empêchent toute circulation sur la voie 1.
Le "triangle" de Marmagne Pont-Vert, l'un des objectifs de la mission du 4 juin 1944. (Vu ici en 1946)
 
Malheureusement la soudaineté de cette attaque surprend et endeuille une famille de Pont-Vert ; les éclats d’une bombe tombée devant la maison d’un garde-barrière blessent grièvement son épouse alors qu’un autre décapite leur fils de seize ans.
 
D’après un rapport de la SNCF, la circulation est rétablie sous 24 heures à Vierzon-Forges et sous 48 heures pour ce qui concerne le triangle de Pont-Vert.
 
Au moment de son repli et à environ 1.600 mètres au Nord de l’objectif, les Mustangs du 355th FS rencontrent un avion allemand. L’appareil, un Focke-Wulf Fw-56 Stösser, est piloté par l’Uffz. Wilhem Wembacher de la 3./JG105, une unité d’écolage basée sur l’aéroport de Bourges.
 
Le jeune pilote qui effectue des acrobaties se méprend sur l’identité des avions qui approchent à grande vitesse. En arrivant à son contact le Capt. Bob Stephens lâche une courte rafale de ses mitrailleuses de 12,7mm ce qui a pour effet de détruire son train d’atterrissage fixe puis les Lts. Huston O’Hair et William King se chargent du sort de l’infortuné pilote. L’appareil allemand en flammes va s’écraser au lieu-dit La Perlotte, sur la commune de Saint-Doulchard. L'attaque de cet avion allemand aurait pu mal se terminer pour ces deux jeunes pilotes américains car dans leur excitation à vouloir descendre ce Fw-56, ils manquent d’entrer en collision du fait de leurs trajectoires convergentes.
 
Faisant route au Nord-Ouest à l’issue des attaques, tous les chasseurs américains se rejoignent au point de ralliement fixé lors du briefing. Le retour en Angleterre se déroule sans incident et sans autre contact avec l’aviation allemande.