Soldat allemands inhumés dans le carré militaire du cimetière St. Lazare (Bourges)

Bourges Avord 23 mai 1944

Mi-avril, dans le cadre des opérations préparatoires au débarquement de Normandie, le général Ike Eisenhower demande aux forces stratégiques alliées de porter désormais le gros de leur effort sur les aérodromes et les usines travaillant pour l’ennemi. Il faut empêcher la Luftwaffe d’utiliser les terrains d’aviations à portée de la tête de pont alliée afin qu’elle ne puisse s’en servir pour lancer des contre-attaques.
 
Dans le Cher, Avord et Bourges avec leurs deux grandes bases allemandes sont sur la liste de ces objectifs qui, à partir de ce 23 mai et lors des missions suivantes, seront toujours bombardés durant le même raid.
 
Ce 23 mai la journée commence très tôt pour les équipages des 44th, 392th et 492nd Bomb Group (ou BG) qui vont attaquer Avord et pour ceux des 458th, 466th et 467th Bomb Group qui vont s’en prendre à Bourges. Sur leurs bases anglaises, les hommes ont été réveillés de bonne heure puis un briefing général tout aussi matinal leur a dévoilé l’objectif du jour. Il y a bien eu quelques interférences comme au 392nd BG où la réception tardive de l’ordre de mission qui renfermait de plus des informations assez sommaires et plutôt inadéquates sur Avord n’a pas empêché le bon déroulement du briefing.
 
C’est surtout avec soulagement que les équipages ont pris note de ces objectifs car les deux aérodromes de la Luftwaffe sont situés en France et ces missions sont en général qualifiées de Milk Run (la tournée du laitier, surnom donné par les équipages aux missions dites - faciles) comparées à celles qui les conduisent loin au cœur de l’Allemagne. Ils sont aussi informés que leur escorte de Little Friends (les Petits Amis - comme les surnomment les équipages de bombardiers) sera composée d‘appareils P-38 Lightnings, P-47 Thunderbolt et P-51 Mustang appartenant tous à la Neuvième US Air Force et non à la Huitième comme à l’habitude.
 
Les bombardiers qui équipent tous ces groupes sont des quadrimoteurs B-24 Liberators, des appareils qui peuvent emporter une charge de bombes plus importante que celle des B-17 Fortresses, tel celles venues fin avril sur Avord. Les décollages commencent aux alentours de 5h00 afin que l’ensemble des groupes réunissent leurs appareils au-dessus de leurs bases respectives et qu’ils rejoignent ensuite la zone prévue pour s’assembler en formation de combat ou Combat Wing (CBW).
 
Avant chaque franchissement de la côte anglaise c’est toujours un petit miracle que de réunir puis d’assembler sans incidents ces centaines d’appareils lourdement chargés. Mais aujourd’hui, durant cette ultime étape avant la mission proprement dite, un disfonctionnement va être fatal à deux équipages.
 
Lors de cette phase critique deux CBW– dans leur large virage - se retrouvent avec deux de leurs Squadron des Box de tête à se trouver sur une trajectoire de collision. Le low Squadron composés des B-17s du 451st BG qui s’en vont attaquer Epinal et le High Squadron composés des B-24s du 458th BG qui vont à Bourges, ces derniers - soleil dans le dos, ne peuvent s’éviter. Un sauve qui peut général s’instaure instantanément, les bombardiers s’égayant dans toutes les directions afin d’éviter les abordages en plein vol.
 
Dans ce chaos les possibilités de manœuvres échappatoires sont limitées et voulant éviter un autre bombardier, le B-17 piloté par le Lt Peter E. Crowe (3) aborde le B-24 du Lt Kenneth C. Barton (2) par le travers.
 
Le Liberator se voit littéralement coupé en deux tandis que la Fortress perd une aile. Trois parachutes sont aperçus parmi les morceaux d’avion qui tombent vers le sol et des débris qui vont s’éparpiller sur un même secteur au nord de la ville de Eye dans le Suffolk, on relèvera les corps des dix-sept autres membres d’équipage.
 
L’un des hommes du Madame II, un B-24 appartenant au 466th BG se souvient de cet incident : "Nous nous sommes assemblés en Group puis en Wing à Splasher 5 (Note : une radiobalise située à Cromer, Norfolk) puis nous avons continué vers le point de rassemblement de la Division à Splasher 6 (Note : située à Eye, Suffolk). Nous volions à huit ou dix mille pieds. Nous devions orbiter dans la région de Eye afin de nous regrouper en formation.
 
Durant l’une de ces rotations j’ai aperçu à quelques milliers de mètres plus bas un groupe de B-17s en virage. Ils allaient couper la trajectoire d’une formation de B-24s qui elle-même effectuait un virage lent (…comme la rencontre des deux lames d’un batteur à œufs) j’ai alors attiré l’attention de mon équipage sur cette situation. Avant que nous ayons pu dire ouf, les deux formations se sont encastrées l’une dans l’autre et ça a été rapidement du chacun pour soi. D’un seul coup il n’y a plus du tout eu d’organisation mais simplement une mêlée d’appareils essayant d’éviter les collisions en plein ciel. Et ce qui devait arriver arriva...
 
Un B-17 essayant d’éviter un B-24 a viré en plein sur le côté d’un autre et l’a heurté juste en arrière de l’aile. Le Liberator a été littéralement coupé en deux puis les morceaux se sont mis à tournoyer vers le sol. Le B-17, dont le nez et les deux moteurs intérieurs étaient partis, est entré dans une spirale lente, ses deux moteurs extérieurs tournant encore. Nous n’avons pas vu de parachutes durant les quelques secondes que nous avons encore eu pour observer.
 
C’est incroyable qu’un tel accident puisse se produire au-dessus de l’Angleterre par une journée aussi claire. Les formations semblaient verrouillées dans leurs virages. Nous ne pouvions nous empêcher de penser que tout cela aurait pu être évité si l’un des commandant de Combat Wing avait laissé le passage à l’autre."
 
Avant le franchissement de la côte anglaise c’est au tour du Lt Mendenhall appartenant au 44th BG/506th BS d’annoncer qu’il quitte la formation car le moteur extérieur gauche de son B-24 baptisé Consolidated Mess vient de rendre l’âme. Il va maintenant aller larguer ses bombes au-dessus de la mer avant de rejoindre sa base. Hormis le terrible incident survenu lors du rassemblement, la suite de la mission va s’avérer relativement tranquille.
 
Les CBW (entre autres les 14th CBW – Avord et 96th CBW - Bourges) sont au milieu de la Manche lorsque les premiers chasseurs d’escorte les rejoignent. Les P-47 Thunderbolt du 48th Fighter Group (FG) se collent au CBW rapidement rejoints avant la côte française par les Thunderbolts du 366th FG. Ces avions vont les accompagner jusqu’aux environs de Saumur où la relève aura lieu.
 
Pour les Allemands, sur la Fliegerhorst de Bourges, l’activité bat son plein. La Flugzeugführerschule B-15, l’école de pilotage qui occupait les lieux depuis janvier 1943, a commencé au début du mois les préparatifs de son déménagement vers des cieux plus cléments. En effet les bombardements de plus en plus nombreux ainsi que les incursions diurnes et nocturnes des chasseurs ennemis (…notamment des Mosquito de la Royal Air Force) contrarient la formation tout en coûtant de nombreuses pertes en jeunes équipages.
 
Comme d’autres unités allemandes basées à l’ouest, l’école va donc se déplacer vers l’est. Pour l’école B-15 ce sera le terrain de Steinamanger (aujourd’hui Szombathely, Hongrie).
 
Depuis la mi-mars 1944 le terrain de Bourges est également le lieu de stationnement de la Jagdgeschwader 105 ou JG 105, un groupe de chasse formé fin février 1943 à partir de la Jagdfliegerschule 5, une école de chasse alors basée à Villacoublay-Nord. Ce changement de nom est intervenu au printemps 1943 lorsqu’il a été demandé aux écoles d’entraînement spécialisé – le besoin en pilotes étant de plus en plus pressant – de dispenser une formation à vocation plus opérationnelle. Ce 23 mai, seul le Stab c'est-à-dire l’état-major et la 3. Staffel occupent les installations car la 2. Staffel est à Châteauroux et la 1. Staffel, alors à Romorantin, a été mise en sommeil suite à son anéantissement lors du bombardement de ce terrain le 10 avril précédent.
 
A Avord sont présents les Pfadfinder, les avions éclaireurs de la I./KG 66 (sauf la 3. Staffel) chargés de marquer les objectifs durant l’opération Steinbock, des missions de bombardement sur Londres et le sud de l’Angleterre. Sur la base, les deux Staffeln disposent d’une quinzaine de bimoteurs Junkers Ju-88 et Ju-188 dont à peine la moitié est opérationnelle.On note aussi la présence d’appareils de la II./KG2, un groupe de bombardement impliqué également dans les missions Steinbock.(1)
 
L’armada américaine a atteint maintenant les environs de Saumur et comme prévu les deux premiers FG qui formaient l’escorte sont remplacés par les P-51 Mustang des 363rd FG et 354th FG ainsi que les P-38 Lightning du 474th FG. En plus de leur mission d’escorte,ces chasseurs vont également assurer une couverture lors du bombardement des objectifs, à savoir respectivement Avord, Bourges et Orléans-Bricy.
 
Quelques pilotes de la Neuvième ne sont pas très heureux de servir de chaperons aux bombardiers comme le rumine l’un d'eux, appartenant au 363rd FG : "En mai nous en sommes toujours à avaler cette amère pilule des missions d’escorte casse-culs vers Berlin ou ailleurs. Alors que d’autres groupes de chasse sont de sortie et frappent durement la Luftwaffe et le réseau ferroviaire boche, nous, nous en sommes toujours réduits à jouer les nounous pour une bande de lourds."
 
Le capitaine Richard E. Turner du 354th FG n’en pense pas moins, comme il l’écrira plus tard dans ses mémoires : "Le mois de mai 1944 a été bien chargé mais peu prolifique pour moi. Bien sûr, il a été parfait pour nos bombardiers mais pour nous les chasseurs, il a signifié d’innombrables heures de patrouilles routinières, à l’étroit dans nos cockpits exigus. Je peux même affirmer avoir rarement aperçu l’ennemi tout au long de ce mois."
 
L’alerte aérienne résonne sur Bourges et Avord alors qu’aux environs de La Châtre commence le ballet des différentes composantes des CBW. La formation prévue pour Orléans-Bricy se sépare tandis que les différents Box de bombardiers prennent leurs positions. Cette formation d’attaque doit être en place au prochain changement de cap situé près de Saint-Amand-Montrond, un point où commence le Bomb Run - la trajectoire de bombardement - point à partir duquel les appareils vont filer droit sur l’objectif.
 
Toutes ces mises en place ne se font pas sans anicroches comme le racontent deux officiers du 466th BG, chacun d’eux menant son Squadron vers Bourges : "Avant d’atteindre le point d’entrée du bombardement nous avons dû faire énormément de "S" afin de permettre aux groupes de prendre l'intervalle approprié. Nous avons bien manœuvré au point d’entrée de bombardement donné lors du briefing mais durant toute la trajectoire de bombardement nous avons dû refaire des "S", et ce à de nombreuses occasions afin de rester derrière les unités précédentes." (2nd Lt. Harry W. Sassaman, Lead Bombardier, 1st Squadron.)
 
"Durant nos manœuvres en "S" avant le point d’entrée du bombardement nous sommes arrivés en avant du 1er Squadron. Après avoir effectué notre virage au point d’entrée du bombardement nous avons dû encore faire énormément de "S" afin de rester derrière l'unité précédente. Il y avait trop de Squadrons en même temps sur la trajectoire de bombardement." (2nd Lt Don G. Thompson, Lead Bombardier, 2nd Squadron)
 
Les avions ont maintenant dépassé Saint-Amand-Montrond et les pilotes de tête aperçoivent dorénavant Avord et Bourges mais pas encore leurs aérodromes car une légère brume d’altitude les masques encore à leurs yeux. Les attaques vont débuter dans une poignée de minutes.
 
A Bourges elle commence à 9h16 lorsque le B-24 (Serial 42-95273) du Lt. Bob D. Sheenan qui vole en tête de la première section du 467th BG/790th BS lâche ses bombes sur son point de visée assigné (près de l’usine SNCAC), la plate-forme circulaire en béton servant au réglage des compas magnétiques, un disque bien visible depuis le ciel. C’est le signal qu’attendent les appareils du Groupe et que vont répéter derrière leur leader ceux du 458th BG.
 
L'aéroport sous les bombes ce 23 mai. Photographie prise depuis l'un des B-24 Liberators appartenant au 458th Bomb Group (source : NARA 342-FH-3A18487-81787AC)
 
Avec toute la fumée qui monte dans le ciel, les deux officiers bombardiers du 466th BG n’en ont pas terminés avec leurs ennuis : "Tout ces "S" ont grandement interféré sur ma visée. Je n’ai pu commencer ma visée que quatre-vingt-dix secondes environ avant le largage et ce à cause de toutes les interférences engendrées par les autres unités. Nous avons essayé d’utiliser le pilote automatique A-5 mais il était très instable. Il n’y avait pas de nuages mais beaucoup de brume et de fumée. Notre point de visée assigné a été bombardé par d’autres unités avant moi et comme il était couvert par la fumée j'ai abandonné mon cap et ma vitesse et j’ai mis le réticule de mon viseur sur l'endroit où le point de visée devrait l'être." (2nd Lt. Harry W. Sassaman, Lead Bombardier, 1st Squadron).
 
Et son collègue n’est pas mieux : "Suite à tous ces louvoiements je n'ai eu seulement qu’une trentaine de secondes pour viser. Il n'y avait pas de nuages mais la brume et la fumée étaient défavorables. Nous avons utilisé le pilote automatique A-5." (2nd Lt Don G. Thompson, Lead Bombardier, 2nd Squadron).
 
A Bourges, pendant cinq longues minutes, 231 tonnes de bombes vont être déversées près de la piste d’envol et l’aire de dispersion d’avion qui longe la route de Châteauneuf-sur-Cher (Trouy).
 
Quant à Avord, durant les quelques minutes que dure l’attaque, c’est surtout la zone des baraquements situés au sud de la base ainsi que le stockage de munitions au nord qui reçoivent les 248 tonnes de bombes. Une partie de ces projectiles tombe aussi dans la campagne avoisinante comme le raconte l’un des membres de l’équipage du Lt. Prytulak : "Nous avons complètement manqué l’objectif. Nous n’avons pas fait beaucoup de dégâts et j’espère que d’autres groupes l’ont atteint."
 
Le tonnage largué reste toutefois théorique car les bombes ne tombent pas toujours sur l’objectif comme on l’a vu plus haut et comme on peut le constater également avec le B-24 Rough Riders II (serial 42-95159) piloté par le Lt. Vogel du 458th BG/755th BS qui largue seulement 16 bombes sur Bourges, 4 sur le sol de France peu avant le franchissement de la côte et 4 autres au-dessus de la Manche.
 
Durant les attaques, la Flak (la défense anti-aérienne allemande) se montre peu agressive à Bourges alors qu’à Avord – comme à son habitude – elle se révèle intense et précise. Plusieurs bombardiers de retour d’Avord vont déclarer de nombreux trous et impacts lors du débriefing.
 
Le navigateur du Lt. Thomas Graham se souvient : Au-dessus d’Avord la flak était intense et assez précise. Les tirs de flak qui éclataient tout autour de l’avion étaient désagréables mais ils ne l’étaient pas plus qu’une attaque d’appareils ennemis.
 
Au sol, les pertes sont relativement limitées sur les deux aérodromes allemands.Voici ce que raconte le journal de guerre la FFS B 15 concernant l’attaque : L’aérodrome de Bourges a été attaqué une nouvelle fois par des formations de bombardiers entre 9h17 et 9h22. Un Focke-Wulf Fw-58 et trois Siebel Si-204 de l’école de pilotage B 15 ont été endommagés. Le premier appareil à 50% et les trois autres à 100%. Le personnel, les baraquements ainsi que les marchandises en attente d’expédition n’ont pas été endommagés.
 
Concernant la JG 105 les pertes sont faibles comparés à la cinquantaine d’appareils détruits ou endommagés à des degrés divers lors de l’attaque du 10 avril précédent. La bonne dispersion des avions restants a permis de limiter les dégâts. Les pilotes du 354th FG rapportent avoir aperçu au sol sept Focke-Wulf Fw-190 détruits par les bombardiers alors qu’en réalité seules les pertes de trois Arado Ar. 66 sont à déplorer.
 
De son côté, la Fliegerhorstkommandantur de Bourges adresse vers 16h00 un message codé au Flughafen-Bereichs-Kommando d’Orléans afin de les informer des dommages sur l’aérodrome : "Piste décollage endommagée par cinq cratères bombes mais activité aérienne et vols d’entraînements se poursuivent. Soixante cratères sur terrain ; cinq abris avions et un baraquement détruits. Aire de dispersion d’avions opérationnelle. Activité atelier de réparations non perturbée. Balisage de piste, de délimitation, feux de signalisation d’obstacles hors-services. Lignes de communication filaires légèrement endommagées. Station de pompage dépôt carburant No.2 détruite mais réservoirs intacts. Station de pompage dépôt carburant No.1 endommagée mais en état de fonctionner. Un emplacement Flak plus armement détruits et deux canons hors d’usage. Deux hommes sérieusement blessés, six autres plus légèrement."
 
A Bourges on peut également noter la destruction d’un Bücker Bü. 131 du II. Gruppe de la Schlachtgeschwader 101 ou II./SG 101, une unité basée à Clermont-Ferrand. (4)
 
Après avoir menés leur attaque, le Rally Point ou point de ralliement est fixé au sud de Mehun-sur-Yèvre pour les avions ayant attaqué Bourges et au sud d’Azy pour ceux revenant d’Avord.
 
Les équipages revenant de Bourges notent une certaine activité sur le triage de Vierzon avec entre autre une cinquantaine de wagons citernes sur les voies. Les formations de bombardiers (Bourges et Avord) se regroupent ensuite près de Lamotte-Beuvron avant de retrouver au sud de Châteaudun leurs homologues qui reviennent d’Orléans-Bricy. Entre-temps ils ont été rejoints par les chasseurs P-47 du 365 th FG qui ont intégré la formation du côté de Beaugency.
 
Au passage près de Châteaudun, pas mal de mouvements de chasseurs d’escorte vont encore intervenir. Les P-38 du 474th FG se retirent, ayant été remplacés quelques minutes auparavant par les P-47 Thunderbolts du 405th FG puis au nord-est de Châteaudun c’est au tour des P-38 du 367th FG de se joindre au flot d’avions.
 
La suite du vol va se dérouler sans problème majeur et au moment de franchir la côte près du Havre tous les équipages ont encore en tête la mise en garde qui leur a été signifiée au briefing : Eviter la défense aérienne dans le secteur du Havre car elle a été récemment considérablement renforcée. Après le passage de cet ultime point sensible les chasseurs d’escorte commencent à décrocher, les derniers d’entre-eux quittant au milieu de la Manche.
 
Après le franchissement de la côte anglaise c’est au tour des différents Bomb Group de se préparer à la dislocation pour ensuite rejoindre leurs bases respectives.
 
C’est maintenant à une unité de reconnaissance qu’il incombe de survoler Bourges et Avord (entre autres) afin de rapporter les clichés qui vont permettre aux spécialistes d’apprécier l’efficacité des attaques.
 
Un avion est sur zone en fin de matinée, il est piloté par le Lt. Alexander Kann Jr., un pilote appartenant au 22nd Squadron du 7th Photographic Reconnaissance Group. A bord de son avion, un Lockheed F-5C, baptisé Florida Gator (serial 42-67119) le Lt. Kann prend toute une série de clichés des deux aérodromes mais la fumée qui monte du sol à Bourges (…et à Orléans-Bricy) va nécessiter la programmation d’une seconde mission.
 
Cette dernière est réalisée le lendemain, toujours par la même unité et le même avion, mais cette fois-ci son pilote est le Lt. Waldo C. Bruns. Les rapports tirés de l’étude des différentes photographies réalisées durant ces deux missions ne s’avèrent pas probants et ce malgré un bombardement qualifié de very good par l’ensemble des groupes de bombardement.
 
Cette constatation va nécessiter la programmation de nouveaux raids sur les deux aérodromes du Cher. Nous savons que ces attaques interviendront le 4 juin, parmi les ultimes attaques en préparation du jour J.
 
Annexes:
(1) Blessés durant le bombardement d’Avord: Lt. Herbert Sturany, pilote – Fw. Hans Wolf, radio-opérateur – Walter Horny, mitrailleur, appartenant à la 6./KG2
 
(2) B-24J 42-110172 458th BG / 754th BS 10xKIA Lt Kenneth C. Barton – Mission Bourges
 
(3) B-17G 42-97325 351st BG / 508th BS 7xKIA Lt Peter E. Crowe – Mission Epinal
 
(4) Pertes au sol à Bourges : I./JG 105 : Deux Arado Ar 66C et un Arado Ar 66D (endommagés 50%, 70% et 80%) - FFS (B) 15 : Un Focke-Wulf Fw 58F (endommagé 50%) et trois Siebel Si 204D (endommagés 80%, 60% et 100%) - II./SG 101 : Un Bücker Bü 131 (endommagé 100%)