Soldat allemands inhumés dans le carré militaire du cimetière St. Lazare (Bourges)

1940 - Wir besetzen Bourges…

Voici un article écrit par un correspondant de guerre allemand - Gebhard Kraft Sachisthal - sur les premières heures de Bourges à l'arrivée des allemands. Les derniers paragraphes traitent de l'aérodrome et des matériels qui y ont été trouvés.

Nous occupons Bourges... 

AVEC L’AÉRODROME, LE SERVICE DES EAUX ET LA CENTRALE ELECTRIQUE
Par le correspondant de guerre Gebhard Kraft Sachisthal

    La route qui conduit vers le sud-ouest à travers les immenses forêts de la Loire est comme une avenue - droite. Elle n’est pas encore enveloppée du nuage de poussière impénétrable qui marque ailleurs la trace des divisions allemandes, car aucune grande colonne ne l’a encore foulée. Sur l’asphalte luisant, brûlant et huileux avance un unique bataillon afin qu'il ne perde pas le contact avec l'ennemi, qu'il ne lui laisse pas le temps d'organiser en désespoir de cause un nouveau nid de résistance et surtout afin d'occuper Bourges, la prochaine grande ville, à cinquante ou soixante kilomètres plus loin.

    Depuis la Loire, seuls des coups de feu épars ont été tirés. Ils ont coûté quelques blessés et la vie d'un bon camarade. Le petit groupe de français qui a tiré sur eux est déjà en route pour "l'arrière-pays", vers un camp de prisonniers. Le bataillon allemand poursuit sa route.

    Le soir à 20 heures on touche au but quand une compagnie renforcée avec à sa tête un lieutenant  atteint la ville dont les rues sinueuses sont pleines de curieux qui gesticulent et débattent. Les hommes de la compagnie ont déjà pris de nombreuses villes françaises au cours des dernières semaines de guerre, petites et grandes, des villes que la guerre, les pluies d’obus, les bombardements aériens avaient heureusement épargnées, et d'autres que les Français eux-mêmes avaient incendiées et pillées jusqu'au dernier sou. Mais ils n'ont pas encore rencontré de ville aussi animée que cette Bourges, où les voitures et les tramways roulent comme en temps de paix, où les magasins sont grands ouverts, où les gens vaquent à leurs occupations - et sont heureux que les Allemands arrivent parce qu'ils souhaitent la paix.

    De telles circonstances exigent des mesures spéciales, le commandant de la compagnie en est bien conscient. Il s'attend à voir le reste de son bataillon débarquer d’ici quelques heures. D'ici là, tout doit être organisé, le logement et la nourriture des troupes doivent être réglés, des accords avec les autorités civiles doivent être conclus.

    Tout d'abord, la ville est pleine de poilus, de soldats de toutes sortes d’unités et de toutes les nuances de peau. On doit s’assurer d’eux et ils doivent d’abord et avant tout quitter les rues. Le commandant français, un colonel âgé qui avait déjà déposé les armes pendant la journée, a reçu le jeune officier allemand à l'entrée de la ville et lui a confié la garde de cinquante officiers et de plusieurs milliers d'hommes. En même temps, le maire lui remet officiellement la ville en le priant de considérer que vingt mille réfugiés, principalement des femmes et des enfants de Paris et du nord de la France, doivent être logés et nourris. C’est un lourd fardeau qui pèse sur les épaules du lieutenant. Certaines choses peuvent paraître très simples, mais avant que tout ne soit vraiment mené à terme, il y a des milliers de choses à faire. Il ne ferme pas l’œil durant cette nuit "pacifique".

                                                                Photographie illustrant l'article original

     Il faut tout d'abord occuper le bureau des Postes et Télégraphes, les ponts, trois casernes, les dépôts militaires et les dépôts d'essence pleins à ras bord. Les centrales de gaz, d'électricité et le service des eaux doivent être placés sous protection spéciale, et la poursuite d’activité d'une grande boulangerie militaire doit être assurée. On a requis des officiers français pour servir d’interprètes, la police municipale a été mise à disposition et un certain nombre de citoyens germanophones ont été recrutés. C'est avec succès que les entreprises et les installations vitales de la ville sont en un clin d'œil placées sous l'autorité allemande.

    Ensuite, c'est le tour des prisonniers. Ils arrivent dans l'une des trois casernes, blancs et noirs mélangés - ils n'ont pas voulu qu'il en soit autrement. La deuxième caserne est attribuée aux réfugiés, et la plus propre et la plus grande est préparée pour nos propres troupes. Il est également important de sécuriser une énorme usine de munitions, qui dispose d'un important stock. A cette fin quelques hommes doivent être détachés pour veiller à ce qu'aucun sabotage ne soit commis.

    Quelques autres groupes font des descentes dans les maisons de la ville afin d’arrêter les soldats français qui, malgré les affichettes murales qui les en dissuadaient, ont revêtus des vêtements civils. Puis ils les escortent vers leurs camarades, vers les troupes dont ils relèvent. La plupart obéissent sans un mot. La terreur de la violence de l'assaut allemand est encore visible sur leurs visages crayeux et crasseux. Les quelques soldats qui suivent à contrecœur sont d’une légère poussée de main vivement encouragés à accélérer le pas.

    Il se trouve à la sortie de la ville un aérodrome où se sont rassemblés ces derniers jours toutes sortes de matériel volant. On y a trouvé un certain nombre de gros appareils de combat français et à côté d'eux un grand nombre de petits avions de chasse américains. Dès le matin, la population fatiguée des combats, avait laissé s’écouler le carburant des réservoirs, faisant de la sorte que les aviateurs français ne puissent plus décoller. Ces derniers sont partis en direction du sud à bord de voitures rapidement réquisitionnées. Plus de cent cinquante bombardiers Potez et d’appareils Curtiss - dont certains flambants neufs - sont ainsi tombés entre les mains allemandes sans qu'aucun coup de feu ne soit tiré.

    Dans ces circonstances, les camions citerne sont également encore pleins à ras bord lorsque le détachement en prend possession. Ses hommes ont fort à faire pour tout emporter, pour tout mettre en sécurité en prévision des besoins de la troupe qui va arriver. Mais à la tombée de la nuit, tout est réglé et le bataillon s'installe dans ses quartiers bien préparés au centre de la ville qui, malgré l'heure tardive, est encore pleine d'effervescence et d'excitation.

    En quoi cette nervosité française concerne t'elle le Landser ? Il s'est tourné sur le côté et il dort. Il a connu des nuits plus agitées.

Epaves d'avions trouvées sur l'aérodrome par les premières troupes allemandes.