Soldat allemands inhumés dans le carré militaire du cimetière St. Lazare (Bourges)

La Chapelle d’Angillon, 18 juin 1940

A La Chapelle d'Angillon, si l'on s'en réfère aux déclarations du maire, l'afflux de réfugiés est particulièrement intense à partir du 16 juin. Après une file interminable de voitures lui succède un flot de piétons arrivant aussi bien de la route nationale 140 (de Paris) que de la route nationale 726 (d'Auxerre). 

Sur le champ de foire de La Chapelle d’Angillon ont été construits les baraquements d’un camp militaire qui abrite de nombreux réfugiés, jusqu'à 3.000 personnes, mais les réfugiés reçoivent l'ordre d'évacuer le camp dans la nuit du 17 au 18 juin. Le lendemain 18, l'évacuation se poursuit et l'autorité militaire présente au village arrête les convois militaires vides afin d'y faire monter les piétons. Les militaires présents jugent un bombardement très possible, sinon probable étant donné l'importance des deux grandes routes nationales qui se croisent dans le village. Vers 16h00 ce même jour, il est demandé aux habitants du pays de se retirer dans la campagne environnante tandis que le secteur s'est dans la journée progressivement décongestionné, à la grande satisfaction des autorités tant civiles que militaires.

Au moment du bombardement, vers 19h00, ne se trouvent que les réfugiés surpris sur la route ou qui font une courte halte pour se ravitailler avant de poursuivre leur exode. On compte également des soldats, notamment d'unités appartenant à la 8e Division d'Infanterie qui se replie par ce chemin. Y stationnent aussi des soldats de la 23e Division d'Infanterie appartenant au Groupe de Reconnaissance Divisionnaire replié de Gien (Loiret). 

Vers 19h00 donc arrivent une trentaine de bombardiers ennemis venus du nord qui après un premier passage d'observation déversent leurs bombes en trois vagues. Après 5 à 6 minutes de bombardement, les avions repartent en direction de la route nationale 726 et déversent encore quelques bombes à 3 kilomètres du village.

L'attaque a été courte mais meurtrière et parmi la foule de réfugiés civils et militaires le chaos est indescriptible. Si les victimes sont nombreuses sur le champ de foire, on en compte aussi aux abord du lavoir, du pont sur la Sauldre et près de la maison Lacord sur la route nationale 140.

                                             Une vue du village après le bombardement allemand.

Voici ce qu’en dit un témoin dans "La Gazette Berrichonne" du 3 août 1940 : "Bouleversé, parsemé d’énormes trous, c’étaient des cadavres un peu partout, des dizaines de chevaux foudroyés, des voitures renversées, calcinées, des arbres brisés. Trente maisons dans le village ont été détruites en totalité ou en partie. L’aile principale du château a reçu une bombe et la toiture s’est effondrée.

Il est impossible d‘évaluer exactement le nombre des victimes. On a retrouvé et inhumé 104 cadavres, dont 5 seulement appartenait à la population. Mais beaucoup de corps ont été pulvérisés et déchiquetés et le nombre important de crânes, membres ou fragments isolés qu’on a recueillis permet d’affirmer que le nombre de morts n’est pas inférieur à 120, dont 53 seulement ont pu être identifiés. Le nombre exact des blessés n’est pas connu, les moins atteints ayant fui, mais il n’est pas exagéré de le fixer à une cinquantaine.
"