Soldat allemands inhumés dans le carré militaire du cimetière St. Lazare (Bourges)

La Flak légère allemande de la Fliegerhorst Bourges (1941)

En 1941, le Reserve Flak Abteilung 392 est en charge - entre autres* -  de la protection de la Fliegerhorst ou aérodrome de Bourges. Son autorité couvre un secteur allant de Montrichard à l'ouest, Lamotte-Beuvron au nord, La Guerche-sur-l'Aubois à l'est, sa partie sud étant délimitée par le tracé de la ligne de démarcation (voir ci-dessous). 
 
*L'Abteilung assure aussi la protection de l'aérodrome de Romorantin-Pruniers, de la base d'Avord, de la station d'Allouis, etc.
 

Dans le présent article nous ne parlerons que de la Flak légère ou Leichte Flak et de sa disposition pour assurer la protection de l'aérodrome contre des attaques à basse altitude. 

Dans l'organisation de la Reserve Flak Abteilung 392, la défense rapprochée du terrain est assurée par six batteries de 20 mm groupées par trois dans un même secteur et disposée afin d'assurer une couverture totale du terrain et de ses approches. Les matériels sont soit des pièces Vierling, soit des pièces Solo, dans le jargon des artilleurs (...lire ci-dessous quelques explications sur l'organisation de la Flak et de ses "outils"). Au cours du conflit, d'autres unités de Flak assureront cette protection en améliorant celle-ci par le déplacement de certaines positions, l'expérience ayant joué (notamment aux Talleries ou la position un temps dans l'enceinte de l'aérodrome, passera de l'autre côté de la route de Trouy).

Deux vues de la position de Flak installé à l'entrée de la rue Jean Baffier (bâtiment de la Maison de la Culture). A noter en arrière plan, la cathédrale.

Chacune des batteries couvre un secteur d'un peu plus de 2 000 m de rayon et les canons sont installés dans de simples encuvements de terre dont il ne reste plus trace aujourd'hui (..et qui plus est, la position faite de planches sur le toit du bâtiment à l'entrée de la rue Jean Baffier !) 
 
Carte ci-dessous : En 1, la position située sur le toit du bâtiment de la rue Jean Baffier; en 2, la position située au Four à Chaux (non loin de l'actuelle avenue Roland Garros); en 3, la position située près des Talleries, dans l'enceinte de l'aérodrome parmi les chemins de roulement; en 4, la position située à La Folie; en 5 la position située aux Tremblets (secteur chemin de Villeneuve); et en 6, la position située au Vallon. 

L'organisation de la Flak en quelques mots (avec l'aide de "Ecoliers-Soldats" par Robert Grimmer):
 
La Flak Allemande était organisée en unités appelées Abteilungen (Singulier : Abteilung), portant chacune un numéro et disposant d’une grande autonomie de mouvement. Une Abteilung pouvait être composée exclusivement de canons légers - Leichte Flak Abteilung, de canons lourds - Schwere Flak Abteilung ou des deux combinés - Gemichte Flak Abteilung. Une Abteilung légère était formée de six à huit batteries et chaque batterie comportait elle-même quatre à huit Züge ou sections (Singulier : Zug). Chaque Zug était composé de trois canons, de sorte qu’une batterie légère était en moyenne composée de douze à quinze pièces.
 
Pour les Schwere Flak-Abteilung, une batterie comprenait en général six pièces lourdes de 88 ou 105 et une Abteilung était composée de cinq à six batteries. Il existait des batteries renforcées de huit à douze canons et même plus.
 
Dans le cas des Gemischte Abteilungen, la Flak était renforcée par les canons légers dans le but était de protéger soit les canons lourds eux-mêmes contre les attaques de chasseurs attaquant à basse altitude, soit des objectifs ponctuels tels que ponts, gares, barrages, situés dans le périmètre de défense attribué aux pièces lourdes mais susceptibles d’être attaqués à basse altitude par des avions.
 
Pour faire face aux attaques de chasseurs à basse altitude, les allemands avaient mis au point un canon à tir rapide conçu en 1930 et amélioré en 1938. Ces canons qui avaient un seul tube, avaient été appelés "Solo" en jargon de la Flak. Ils étaient approvisionnés en munitions par des chargeurs contenant vingt obus alternés en explosifs, perforants et incendiaires. Ces obus étaient traçants, ce qui permettait d’ajuster le tir à vue en cours de combat.
 
Flak Stellung ou position de Flak située à La Folie. On aperçoit dans le fond le bois du Grand Moutet (Collection auteur).
 
En 1938, le canon de 20 mm fut perfectionné et transformé en canon à quatre tubes appelé Vierling. Ce canon était une arme redoutable et crainte par les pilotes alliés qui devaient attaquer à basse altitude des objectifs défendus par ce type d’armes. D’un poids de 1400 kg, ce canon avait une cadence de tir théorique de 1200 obus à la minute. Bien manipulé, il pouvait en tir réel envoyer 300 à 400 obus à la minute. C’est dire quel mur de feu le pilote allié avait à traverser si une demi-douzaine de Vierling occupaient l’objectif à attaquer.
 
Le Vierling était desservi par sept canonniers et un chef de pièce, en général un Unteroffizier : K1, le pointeur ou Richtkanonier, K2 ou Visierkanonier qui entrait dans le viseur électrique les données communiquées par K5 le télémétreur ou Entfernungsmesser-Mann, les K3 et K6 ou Ladekanonier qui faisaient office de chargeurs et les K4 et K7 ou Munitionskanonier qui approvisionnaient en munitions.
 
A côté du canon de 20 mm, les allemands utilisaient aussi des canons de 37 mm. La faiblesse des canons légers résidait dans leur portée relativement réduite, 2 000 à 2 400 m pour les 20 mm, 3 500 à 4 000 m pour les 37 mm. Efficace à basse altitude, la Flak légère devenait inopérante à moyenne et haute altitude. Pour cela, il fallait des canons puissants, capables d’expédier des projectiles à 8 000 m, voire à 10 000 m.
 
Le roi en la matière était incontestablement le canon de 88 mm. Il existait en version 1936, 1937 et 1941 et envoyait un projectile à une altitude d’environ 9 000 m avec une vitesse initiale de 825 m/seconde.
 
Desservi par huit canonniers et un chef de pièce, sa manipulation en était partiellement électrique. Les données concernant l’altitude, la vitesse et le cap des bombardiers étaient fournies par le Kommandogerät 40 (ou centre de commande), un appareil semblable au télémètre en usage dans la Kriegsmarine. Fabriqué par Zeiss à Iéna, le Kommandogerät était doté d'une optique très puissante. On pouvait distinctement observer l’ouverture des soutes à bombes des bombardiers volant à 5 000 ou 6 000 m d’altitude.
Le Kommandogerät 40

Le Kommandogerät transmettait électriquement altitude, vitesse et cap aux canons qui y étaient rattachés et ces données apparaissaient sur des cadrans au moyen d’une aiguille. Les servants avaient alors à manipuler des volants qui faisaient bouger la pièce en gisement et azimut, manipulations qui faisaient se déplacer une seconde aiguille sur les cadrans précités. La pièce était bien orientée quand les deux aiguilles de tous les cadrans se superposaient exactement. L’altitude d’explosion de l’obus était alors communiquée de la même manière à un appareil fixé au canon, dans lequel on introduisait la tête de l’obus à lancer. Le réglage de l’altitude d’explosion se faisait automatiquement par action sur le détonateur.
 
Le K1 s’occupait de la hauteur, le K2 du gisement, le K6 recevait les obus apportés par les K4 et K5 et les plaçait dans la machine qui réglait l’altitude d’explosion, le K3, qui était le chargeur, prenait l’obus réglé, l’introduisait dans la culasse et déclenchait le tir, soit à volonté, soit sur ordre lors d’un tir par salves, les K7 et K8 étaient les pourvoyeurs de munitions. Quand l’équipe de serveurs était bien rodée, un canon de 88 mm pouvait tirer à une cadence de dix à douze coups à la minute. La seule limite était la fatigue des servants !
 
Un autre appareil en utilisation par les unités de Flak était le projecteur, soit de 60 cm de diamètre, soit de 150 cm ou encore 200 cm mais les artilleurs n'aimaient pas trop ces derniers car ils pouvaient servir à repérer leurs positions.