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Ce jour-là les 371st Fighter Group et 406th Fighter Group appartenant à la 9th Air Force font décoller 71 chasseurs P-47s pour une reconnaissance armée sur des zones comprises entre Troyes, Joigny, Vosne ainsi que Gien, Orléans, Vierzon, Tours. Le bilan à l’issue de cette sortie – durant laquelle 25 roquettes ont été utilisées - est de 28 camions détruits et 6 endommagés, de 15 wagons détruits et 40 endommagés, de 40 attelages hippomobiles détruits, de 2 locomotives endommagées, de 2 bâtiments probablement inutilisables et de 6 positions d’artillerie rendues silencieuses.
Le 2nd Lt. Sumner L. Calish – il a ici 23 ans.
La météo n’a pas été favorable les jours précédents et a cloué au sol la plupart des appareils du 371st Fighter Group, l’unité qui nous intéresse pour cette journée du 24 août.
Extrait du "371st Fighter Group The Story of the 371st Fighter Group in the E. T. O. Baton Rouge, La.: Army Navy Pictorial Pub." : "Le brouillard et la pluie ont beaucoup gêné nos opérations, mais lorsque la météo était favorable, les Boches ont été la cible de bombes incendiaires, de bombardements de précision, de bombes à retardement, mitraillés et poursuivis jusqu'à ce que le seul son d'un P-47 ne les envoie tremblants se cacher vers le trou le plus proche. "Achtung Jabos !" leur est devenu aussi familier que "Heil Hitler". Ils nous ont tirés dessus avec tout ce qu'ils avaient sous la main, même avec leurs fusils et leurs pistolets. Bien que ces derniers aient été inefficaces, leurs canons antiaériens (la Flak) dissimulés dans des meules de foin ou judicieusement attachés à leurs trains ont fait des ravages parmi nous."
Extrait de l’historique du 371st Fighter Group pour août 1944 : "A partir du 23 août, les journées ont été chargées, avec les Squadrons prenant part à diverses missions, bombardements en piqués sur des convois, attaque d’objectifs ferroviaires et de positions d’artillerie. Lors de ces sorties, le 2nd Lt. Sumner L. Calish du 406th Squadron et le 2nd Lt. William J. Jorgenson du 405th Squadron sont portés disparus."
Les P-47s du 406th Fighter Squadron décollent à 15h30 (heure anglaise) et patrouillent dans la zone assignée entre 16h00 et 17h30 (heures anglaises). Au nord d'Orléans, un convoi d'une cinquantaine de véhicules est engagé, attaque qui produit deux grosses explosions et de nombreux incendies, laisse vingt véhicules détruits et plusieurs endommagés. La reconnaissance armée se poursuit vers le sud et une centaine de wagons de marchandises et wagons citerne sont attaqués à et dans le secteur de Vierzon. Deux locomotives sont également endommagées lors de ces attaques. Les chasseurs, suivant la voie ferrée vers Tours, tombent sur un train de troupes stationné en gare de Villefranche-sur-Cher et l'attaquent. Le sous-lieutenant Calish est tué lors de sa passe de mitraillage sur ce train (alors que les témoignages ci-dessous laissent à penser qu'il a été abattu au-dessus de Vierzon) lorsque, durant son piqué, son P-47 est touché par les tirs d'une position de Flak attachée au convoi ferroviaire. L’attaque s’est produite en fin d’après-midi, vers 16h00 (heure française). Les appareils restants du 406th Fighter Squadron sont de retour à leur base à 18h30 (heure anglaise).
Pour les autres Squadrons du 371st Fighter Group, leur sortie se solde par quelques véhicules mitraillés sur une route à l'ouest d'Argent-sur-Sauldre pour ce qui concerne le 404th Fighter Squadron, et des véhicules et un train mitraillés dans le secteur de Chatillon-sur-Cher pour le 405th Fighter Squadron.
Au sujet de l'accident, peu de détails sont connus, hormis ceux laissés par les témoignages ci-dessous issus du Missing Aircrew Report (MACR) complété les jours suivant la perte du pilote.
Témoignage du Major Sanders E. Delaney : "Je dirigeais le Yellow Flight, volant légèrement à l'arrière et à droite du Red Flight avant l’attaque. J'ai observé Red 3 et Red 4 y aller pour leur passe de mitraillage. J'ai détourné les yeux pour dégager l'espace aérien et quand j'ai regardé derrière moi, un appareil reprenait de l’altitude et l'autre s'était apparemment écrasé. En raison de la grande quantité de fumée et de flammes, je pense que le pilote, le lieutenant Calish, ne peut avoir survécu à l'accident."
Témoignage du 1st Lt. Paul J. Hurley – qui dirige la mission du jour du 406th Fighter Squadron : "Alors que je dirigeais le Yearling Squadron, j'ai observé le deuxième élément du Red Flight qui mitraillait les voies du triage de Vierzon-Ville [sic]. Red 4, le Lt. Calish, balayait plusieurs wagons de chemin de fer de ses mitrailleuses. J'ai vu l'avion toucher le sol et exploser. De l’endroit d'où j'ai pu observer la dernière partie de la passe de mitraillage, il semble que l'avion du lieutenant Calish n'ait jamais tenté de se redresser. À mon avis, il n'y a aucune possibilité que le pilote ait survécu."
Témoignage du 2nd Lt. Henry W. Parslow : "La première fois que j'ai observé le lieutenant Calish, il était au milieu de sa passe de mitraillage. Je me suis tourné pour vérifier ma position et quand j'ai regardé derrière moi, j'ai eu juste le temps de voir son appareil prendre feu. À mon avis, le pilote, le lieutenant Calish, n'a pas survécu à l'accident."
Le sous-lieutenant Sumner J. Calish, inhumé initialement à Villefranche-sur-Cher, puis au cimetière militaire de Saint-André à Evreux, est rapatrié aux Etats-Unis et inhumé le 19 juin 1949 lors d’une cérémonie militaire au Temple Mishkan Tefila Memorial Park près de Boston, sa ville natale.
Sur une base de chasseurs de la 9th Air Force américaine en France, le lieutenant-colonel Jim Daley (à droite) d’Amarillo au Texas, et le lieutenant Sumner J. Calish, de Boston, participent à un petit combat de boxe en guise de détente entre les sorties. (Fred Namage / Associated Press).
Sumner Justin Calish, né à Boston le 12 janvier 1921, étudie à l'Université Northwestern de Boston où il est membre de l'équipe d'athlétisme ainsi qu'à l'université Northeastern de Boston. Il est encore étudiant lorsqu’il se porte volontaire pour servir dans l’Army Air Corps et il s’engage à Boston le 1er juillet 1942. Le 27 février 1943 il suit une formation "Preflight" à Maxwell Field, Montgomery, Alabama. Puis c'est une formation "Primary" mi-avril à Douglas, Georgia. Fin juin, il enchaine une formation "Basic" jusqu'à fin août (sans doute à Bush Field, Augusta, Georgia). Enfin, il suit une formation dite "Advanced" à Spence Field, Moultrie, Georgia début septembre, à l'issue de laquelle il reçoit ses "ailes" le 3 novembre 1943 avec le grade de 2nd Lt. (sous-lieutenant). Toutes ces formations ont duré environ 9 semaines chacunes. Après une permission, il rejoint son affectation, le 371st Fighter Group / 406th Fighter Squadron ; il arrive en Angleterre avec son unité début 1944. Le 371st Fighter Group débute son tour d'opérations en Europe le 12 avril 1944 par un "Sweep" de chasseur au-dessus de la France. Le 24 août 1944, le 2nd Lt. Calish effectuait sa 88ème mission, avec alors à son crédit trois avions allemands. Il est décoré de la Purple Heart à titre posthume et est titulaire de l'Air Medal avec huit Oak Leaf Clusters. Il était le fils de Mme Ethel Calish et de feu Charles L. Calish et avait deux frères, Howard et LeRoy, et une soeur, Cynthia.
Deux chiffres parlent d'eux même pour démontrer la dangerosité de telles missions : Pour le seul mois d’août 1944, le 371st Fighter Group perd 21 pilotes et 29 avions...
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